Création 2025
Théâtre
Durée envisagée: 1h
Entre mémoire intime et histoire, un regard sur les luttes kanakes et les blessures de l'enfance.
Le 4 mai 1989, Jean-Marie Tjibaou et Yeiwéné Yeiwéné sont assassinés à Ouvéa. Kanaky 1989 fait le récit de ce drame.
En 1988, Fani Carenco, autrice et historienne de formation part vivre à 11 ans en Nouvelle Calédonie. Sa famille se lie très rapidement d’amitié avec celle de Jean-Marie Tjibaou. À travers des témoignages, des archives (photos, vidéos, journaux), et une narration ancrée dans l’intime, le spectateur traverse une époque marquée par des luttes politiques et sociales, tout en revivant les souvenirs d’une enfant dont la vie a été profondément bouleversée par ces événements.
La mort de Jean-Marie Tjibaou est un choc pour l’enfant qu’elle était mais deviendra aussi un des événements constituants de sa conscience politique. Retourner dans nos souvenirs d’enfance, questionner ce qui nous a marqué, fait grandir ou laissé terrorisé par la violence du monde, questionner les événements qui, malgré tout, nous constituent en bouleversant les relations familiales et détruisant les rêves d’enfant.
Nous cherchons l’échange, certes pudique, mais sincère. Tant dans les récoltes de témoignages pour la construction du texte, que dans leur restitution théâtrale. Dans le plus intime et le plus personnel, on peut faire écho à l’intimité de chacun et y trouver une résonance. L'histoire avec un grand H n'a de sens que dans l'émotion qu'elle crée en chacun de nous.
3 femmes se partagent le récit, elles s’adressent directement au public, échangent entre elles. Elles sont à la fois l’autrice enfant, Jean-Marie Tjibaou, le peuple kanak et l’opinion publique métropolitaine. Elles naviguent entre souvenirs et réalités politiques, hier et aujourd’hui, le cocon de l’intime et la violence de la réalité qui se percutent.
Le son enveloppe l’espace entre chants kanaks, chansons populaires des années 80 et discours d’hommes politiques.
« Après la mort de Jean-Marie, Didier venait souvent chez nous. Didier est le fils d'un des frères de Jean-Marie. Assassiné à Tiendanite en 1986, pendant les "évènements". Des caldoches ont fait un barrage, ils ont bloqué les voitures où se trouvaient une dizaine d'hommes de la tribu, les ont fait descendre, leur ont tiré une balle dans la tête à chacun. Et les ont fait mangé par leurs chiens. Les carcasses calcinées des voitures, toujours présentes sur la route, ornées de bouts de tissus colorés, sont là pour nous rappeler ça.
Marie-Claude et Jean-Marie ont donc pris Didier avec eux. Je n'ai su que récemment l'histoire de Didier. Avec Didier, nous jouions aux cartes assis par terre dans le salon, à côté de la platine CD flambant neuve et son unique CD. Le souvenir aussi de ne pas parler. D'être silencieux face à cette situation qui dépassait notre compréhension. »
Avec Laurence Bole, Adeline Bracq et Fani Carenco
Texte et mise en scène : Fani Carenco
Assistante à la mise à scène : Lili Sagit
Création musicale : Cédric Cartaut
Création lumière et scénographie : Nicolas Natarianni
Administration de production : Leïla Hamidaoui
Production La Grande Horloge